2010/03/13

Hommage à Maurice G. Jacques

@Un 10e anniversaire

À mon père, 1912 - 2000

© photomontage bricolé par une fille de commerçant
avec à gauche, publicité parue en 1957 et en haut à droite,
30 ans plus tard par Lord Photo (fondé en 1938)

La Presse nécrologie,
samedi le 20 mars 2010


«Cher papa,

Voici bientôt dix ans que tu as rejoint
mon frère Louis au paradis et tu me
manques toujours autant depuis ton
départ, le 10 mars 2000. Ton souvenir est
également bien vivant dans la famille, ta
chère tribu des Jacques. Nous t'aimerons
toujours !

Merci papa d'avoir ouvert la voie de
tous les possibles par la seule force de
l'exemple, par le pouvoir de l'inspiration.

Ta fille, Francine Jacques»
(samedi 13 mars 2010)


Son âme de commerçant

Avoir le commerce dans le sang est une chose, devoir expliquer et convaincre malgré le bégaiement relève du défi, à presque chaque mot. Une tâche colossale et pourtant, mon père ne s'en ait jamais plaint. Il avait choisi de gagner sa vie en parlant!

D'ailleurs, cet homme aux gestes timides et au pas mesuré avait un front de boeuf quand il s'agissait de se mettre en affaires, défier une tempête de neige en voiture ou dompter son handicap. Il nous montrait alors son courage, l'arme secrète et sa détermination, cette force permettant de continuer.

En fait, mon père avait une âme de commerçant à la fois intrépide et tendre... mais quoi? On a beau être en affaires, on peut avoir une vraie âme, des principes et une étrange Citroën déesse.

Combien de fois ne l'ais-je entendu répéter qu'il fallait traiter les clients un peu comme la famille. En méritant leur confiance, il visait le long terme. Était-ce sa façon à lui d'amener son interlocuteur au-delà de sa parole et des préjugés? Sans doute, mais il y avait plus.

L'imagination au service du marketing (même si ce mot n'existait pas encore) avait une place de choix parmi les projets de mon père. Pour lui, toute nouveauté bien amenée pouvait servir sa clientèle au magasin rue Richelieu, chez Maurice Jacques Engr.

Ainsi pendant un spectacle d'hypnose, il eut la révélation. Pourquoi ne pas présenter ce numéro dès le lendemain à son commerce, et en vitrine s'il vous plaît! Et la foule était bel et bien à ce rendez-vous hypnolitique en face du magasin; un peu comme au début de la télévision quand les clients restaient immobiles devant la mire ou la 1er partie de hockey, et nous aussi les enfants.

Le commerçant et la magasineuse

Aujourd'hui, je suis en mesure de reconnaître la parenté entre cette cyber-acheteuse et le commerçant dans l'âme qu'était mon père dès l'âge de 14 ans. Nul doute qu'il soit un peu à l'origine de ce site Web.

Enfin c'est avec respect que je reçois son héritage moral que je souhaite ne jamais trahir. Mais j'avoue avoir mis du temps à réconcilier l'étiquette de citoyen avec celle de consommateur. Nous le sommes dans nos gênes aussi.

Et puis, n'est-on pas également un kid-kodak de père en fille?

Nota Bene ♦ Merci à l'amie Louise et sa suggestion de publier ici cet hommage.

En remerciement

la section «Décès» à La Presse assume son erreur du 13 mars et offre de publier le texte ci-haut gratuitement, samedi le 20 mars prochain.

Ce geste avec remboursement honore «le plus grand quotidien français d'Amérique» (lundi 15 mars 2010).

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